
De Paris à Cape Town : la traversée de l’Afrique en 4X4 entre mère et fils. #160
Et si, au lieu de chercher un premier emploi après tes études, tu décidais de prendre la route, littéralement ? C’est le pari un peu fou qu’a fait Tom, à 25 ans, en embarquant sa mère photographe dans une aventure unique : faire la traversée de l’Afrique en 4X4 de Paris jusqu’au Cap . Une aventure humaine avant tout, mêlant exploration, engagement solidaire et passion pour la photographie. Leur projet,les a menés à travers des paysages incroyables, des rencontres bouleversantes, mais aussi des galères mécaniques au beau milieu de nulle part. Dans cet épisode, Tom nous raconte les coulisses de ce voyage , ce qu’il a appris sur lui-même, la cohabitation mère-fils pendant ce voyage.
Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter et nous raconter comment est née cette idée un peu folle ?
Juste après avoir terminé mes études, j’ai eu envie de me lancer un vrai défi. Je ne voulais pas entrer tout de suite dans la vie active. J’avais besoin de créer un projet qui me ressemble, quelque chose de fort, d’humain, d’engagé. L’idée d’un grand voyage m’a vite trotté dans la tête. Au départ, je pensais partir avec un ami, quelqu’un de plus calé que moi en mécanique, mais je n’ai pas trouvé la bonne personne. Et c’est là que j’ai pensé à ma mère, photographe. C’était l’occasion de créer un projet à deux, de relancer sa passion et de vivre une aventure hors du commun ensemble.

Et comment avez-vous choisi votre destination ? Pourquoi cette traversée de l’Afrique en 4×4 ?
C’est elle qui m’a fait découvrir l’Afrique quand j’étais plus jeune, au Kenya notamment. Elle a toujours été fascinée par ce continent, et moi aussi. L’Afrique, c’était une évidence. Elle n’a pas dit oui tout de suite. C’était un gros engagement de partir six mois, de tout laisser derrière, y compris son compagnon. Mais à force de voir à quel point j’étais motivé, elle a fini par embarquer dans l’aventure.
Traversée de l’Afrique en 4×4 : immersion et photographie humaine
La photographie était au cœur du projet. Comment avez-vous abordé les rencontres pour éviter de tomber dans l’intrusion ?
C’est une vraie question qu’on s’est posée dès le départ. On ne voulait pas débarquer avec les caméras dès la première minute. On a pris le temps, à chaque fois, de rencontrer les gens, d’échanger, de s’imprégner. En général, les populations locales étaient très accueillantes. Il suffisait de discuter, de partager un moment, et souvent, ça se faisait naturellement. Bien sûr, on respectait toujours les refus. Le seul défi, c’était le temps. En six mois, on ne peut pas passer des semaines dans chaque lieu, donc il fallait parfois aller à l’essentiel.
Vous aviez aussi une dimension solidaire forte, avec Charity Water. Quel était votre rôle ?
Je voulais qu’on donne du sens à notre traversée. J’ai contacté Charity Water, une ONG qui œuvre pour l’accès à l’eau potable. Ils ont accepté qu’on documente leur travail sur le terrain. On est allés filmer dans des villages isolés pour montrer la réalité : des heures de marche ou de pirogue juste pour atteindre un puits. En parallèle, on a aussi mis en lumière des artistes locaux et d’autres associations engagées. C’était important pour nous de montrer des initiatives positives.
Un tel projet demande des moyens. Comment avez-vous financé tout ça ?
La majeure partie des fonds est venue de cagnottes en ligne et de mon réseau personnel. Famille, amis, connaissances… j’ai sollicité tout le monde. J’ai aussi contacté des médias, obtenu quelques parutions qui ont permis de faire connaître le projet. J’ai tout monté en quelques mois seulement, de fin mai à notre départ en novembre. J’étais à fond, jour et nuit, sans relâche. C’était intense, mais tellement stimulant.
Passer six mois dans un 4×4 avec sa mère, ce n’est pas un peu risqué pour la relation ?
On s’est forcément posé la question. Mais on s’entend très bien. Et dans des moments comme ça, je pense qu’on fait encore plus d’efforts pour préserver la relation. Honnêtement, ça s’est super bien passé. Il y a eu des tensions, bien sûr, surtout à cause de la fatigue, mais jamais de disputes graves. Ce genre d’aventure met beaucoup de couples à l’épreuve ; pour nous, ça a renforcé notre lien.
Traversée de l’Afrique en 4×4 : entre imprévus et adaptation permanente
Comment avez-vous construit votre itinéraire ? Était-il figé dès le départ ?
Pas du tout. On avait une idée globale : longer la côte ouest du continent. Mais au final, tout s’est décidé au jour le jour. Certaines frontières, comme celle du Gabon, étaient fermées. Les conditions de route changent tout le temps, les GPS sont parfois peu fiables. On utilisait des applis comme iOverlander pour repérer les spots où dormir, et on s’adaptait selon les événements. L’un des gros enjeux, c’était le budget. Plus tu roules, plus tu dépenses en carburant, donc il fallait sans cesse jongler.
Et pour la sécurité, comment faisiez-vous chaque soir ?
La clé, c’était l’info en temps réel. On lisait les avis récents sur iOverlander, on croisait avec d’autres sources. Et surtout, on allait vers les gens. Quand un lieu ne nous inspirait pas, on préférait demander l’hospitalité dans un village. Les habitants étaient toujours très bienveillants. On s’est sentis plus en sécurité dans ces contextes-là que seuls dans des endroits isolés.
Quels ont été les plus gros obstacles que vous avez rencontrés ?
Le stress principal, c’était la voiture. Une panne, c’est du temps et de l’argent. J’avais toujours peur d’endommager le 4×4, car c’était notre seul moyen de continuer. Chaque jour demandait une vigilance énorme. Et puis il y avait cette adaptation permanente : rien ne se passe comme prévu, jamais.
Y a-t-il eu des moments où vous avez vraiment douté ?
Oui, notamment en Côte d’Ivoire. Le démarreur a pris feu, en pleine brousse, sans réseau. J’ai dû sortir l’extincteur. J’ai cru que c’était fini, que tout allait s’écrouler. Mais là encore, des inconnus formidables nous ont aidés. C’est dans ces moments-là qu’on voit à quel point l’humain fait la différence.
Traversée de l’Afrique en 4×4 : coups de cœur et transformation intérieure
Parmi tous les pays traversés, lesquels vous ont le plus marqué ?
La Guinée a été une vraie révélation. C’est un pays méconnu, mais magnifique, très montagneux, avec une nature incroyable et des habitants adorables. Le Congo aussi, pour ses forêts primaires et les moments magiques avec les gorilles. Et l’Angola, qui a un potentiel touristique fou. Enfin, la Namibie : des paysages lunaires, impressionnants, mais un peu plus “européanisés”, donc moins typique.
Et le retour à la vie “normale” ? Comment l’as-tu vécu ?
Compliqué. J’ai ramené des souvenirs inoubliables, une vision du monde totalement transformée… mais aussi une vraie difficulté à revenir dans un quotidien sédentaire. Travailler dans un bureau après ça, c’est dur. On garde la tête ailleurs. Et ce genre d’expérience est difficile à raconter avec des mots. C’est pour ça que les images comptent autant.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Je travaille sur un film, une expo photo, et probablement un livre. Je veux transmettre ce qu’on a vécu, inspirer d’autres personnes à oser se lancer. Ce type d’aventure peut paraître inaccessible, mais c’est possible. Il faut juste une idée, de la détermination… et beaucoup de passion.
Suivre les aventures de Tom sur son Instagram @tominafrica et sa maman Charlotte Badelon
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♥♥♥ Emilie & co ♥♥♥
