
Un long voyage est-il fait pour tous ? – Podcast #164
Un long voyage est-il fait pour tous ? Avec Rose et Stéphanie, nous avons décidé de mettre les pieds dans le plat et de poser franchement la question. Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux où tout est beau, tout est parfait, on a l’impression que faire un long voyage en famille, ce n’est qu’amour, joie et bonheur. Quand on parle d’un tel projet, nombreux sont ceux qui nous répondent « comme vous avez de la chance, j’en rêve ! » Mais est-ce vraiment leur rêve ou celui des autres ? Est-ce vraiment si idyllique de partir voyager avec ses enfants pendant plusieurs mois ? Est-ce que ce type de voyage doit être un but en soi ? LE voyage a avoir fait dans sa vie ?
Nous pensons que non et nous avons donc décidé, d’après nos expériences, de vous parler des inconvénients d’un long voyage en famille. Pour le coup, c’est un peu osé sur un podcast où on prône les bienfaits du voyage en famille et où on reçoit des témoignages toujours plus enthousiastes au sujet des différentes expériences d’aventures vécues par les uns et les autres. Mais, il ne faut pas se voiler la face, même dans un projet extraordinaire que celui d’un tour du monde en famille, il y a des aspects négatifs et nous pensons qu’il vaut mieux en avoir conscience avant que trop tard…
Présentations
Pour cet épisode, je reçois deux invitées. La première, vous la connaissez déjà car elle a déjà participé au podcast !
- Rose, 42 ans, pas encore tour du mondiste mais à la tête d’une famille de grands voyageurs. Avec son mari Jean-Yves, ils ont trois enfants : Eryn 11 ans, Loan 9 ans et Audren 6 ans. Leur dernier grand périple les a conduits en Amérique du Sud pendant 3 mois en 2023. Et le prochain le prochain long voyage est prévu pour 2027. Rose a déjà participé au podcast avec deux épisodes : Voyager avec un enfant neuro-atypique et Comment Instagram influence notre façon de voyager. Deux sujets parfaitement en lien avec le sujet du jour !
- Stéphanie, 41 ans, est de retour d’un tour du monde d’un an avec sa famille. Avec son compagnon Greg et leurs deux enfants Adrián, 10 ans et Mila, 7 ans, ils ont visité 15 pays sur 4 continents.
Retrouvez mes invitées sur leur compte Instagram : Rose @bibifamilytrip, Stéphanie @lesattrapesmonde.
Toutes les deux sont passionnées de voyages et, je crois qu’on peut le dire, sont de grandes voyageuses. Dans cet épisode, elles nous partagent leur expérience et alertent : un long voyage n’est pas nécessairement fait pour tout le monde ! Il y a des inconvénients à voyager au long cours en sac-à-dos avec sa famille et c’est toujours mieux d’en avoir conscience avant pour profiter à fond de l’expérience !
La charge mentale en long voyage
Une charge mentale importante mais choisie
La charge mentale… vaste sujet et peut-être fléau du XXIème siècle. Eh bien, elle existe aussi en voyage ! Oui mais elle ne prend pas exactement la même forme.
J’ai d’ailleurs moi-même fait un épisode complet sur la charge mentale en voyage pendant notre tour du monde. C’était la capsule #22, à retrouver ici.
Selon Stéphanie, la charge mentale est difficile à anticiper, on découvre son ampleur pendant le voyage. C’est à coupler avec le fait qu’on est tout le temps en stimulation permanente : changements de lieux, de langue, de monnaie, les réservations, les prévisions pour la suite, les transports, les horaires, etc.
Néanmoins, pour mes invitées, la charge mentale en voyage, si elle est importante, semble un peu plus choisie et moins subie que dans le quotidien. En effet, dans notre quotidien sédentaire, nous sommes tenus de respecter des horaires d’école, de travail, d’activités sportives, de rendez-vous médicaux, etc. Le voyage permet notamment de se libérer de tout ça.
Stéphanie confirme et ajouter que le fait que la charge mentale en voyage, même si elle est bel et bien présente, concerne des sujets qui semblent plus légers que la charge mentale qu’on peut avoir dans une vie sédentaire. Cela vient très certainement du fait qu’on la choisit plus qu’on ne la subit.
La charge mentale, c’est aussi un ensemble de décisions qu’on doit prendre en permanence. C’est Laetitia qui m’en avait parlé au retour de son voyage de 4 mois en Amérique du Sud avec ses deux filles. Parfois tu as le temps de réfléchir aux impacts et aux différentes options mais parfois non. Parfois ce sont des décisions peu impactantes mais souvent oui. Tu n’as pas tout le temps tous les tenants et les aboutissants pour prendre une décision éclairée. Cela peut être stressant et en tout cas, c’est énergivore.

Est-ce qu’un long voyage en famille permet de prendre du temps pour soi ?
Non ! Un long voyage en famille ne permet pas de prendre du temps pour soi. Mais il permet de prendre du temps de qualité et d’améliorer sa disponibilité pour ses enfants. A tout le moins, le voyage au long cours permet de déconnecter du quotidien et d’accroître sa disponibilité mentale pour accueillir les sollicitations des enfants, même s’il n’est pas possible d’être à 100% disponible pour jouer ou faire quelque chose avec eux. Parce qu’il y a quand même plein de choses à faire. Ce ne sont pas des vacances !
D’ailleurs, le fait d’être au long cours laisse l’opportunité de reporter au lendemain ce que tu n’as pas fait aujourd’hui et si tu ne le fais pas, ce n’est pas grave parce que d’autres choses merveilleuses t’attendent. C’est une différence majeure avec un séjour de deux ou trois semaines par exemple, pendant lequel on aura tendance à remplir chaque jour avec un programme précis à suivre.
Est-ce qu’à un moment, on craque ?
Au bout de 9 mois de voyage, Stéphanie a ressenti une forme d’épuisement. Et la charge mentale du voyage n’y était sans doute pas étrangère. Mais ce n’est pas le seul facteur à prendre en compte. En effet, un long voyage est aussi fatiguant physiquement pour plein de raisons. Alors quand la fatigue physique rejoint la fatigue mentale, il est temps de se poser et de se reposer ! Un luxe que permet le voyage au long cours.
L’école en voyage
Une contrainte qu’on ne choisit pas
L’école en voyage, c’est souvent le petit caillou qu’on se traîne dans les baskets pendant tout le voyage… Il y a des familles pour lesquelles l’école sera un sujet plus tendu que pour d’autres. Dans la famille de Rose, par exemple, leur cadet présente des difficultés scolaires et un très gros manque de bonne volonté pour se mettre au travail. C’est donc une bataille de commencer chaque séance d’école. C’est notamment pour cette raison que Rose et sa famille n’envisagent pas de partir une année complète. Ce serait une trop grosse charge et un trop grand risque de mettre les enfants en difficulté scolaire.
Grâce à leur expérience de 3 mois, ils appréhendent un peu plus sereinement leur prochain projet de voyage de 6 mois mais ils savent déjà qu’ils se concentreront sur les maths et le français. Rose souligne à quel point les enfants apprennent autre chose pendant le voyage et qu’ils sont souvent bluffants, notamment dans l’apprentissage des langues étrangères.
Quel rythme choisir pour faire l’école en voyage ?
Stéphanie et Greg pensaient faire une heure d’école chaque jour avant de commencer la journée de visite. Programme qui a très vite volé en éclats, dès les premiers jours du voyage ! Ils ont plutôt fait 2 ou 3 séances d’une heure dans la semaine. Cela peut sembler très peu mais en tête-à-tête avec un enfant, tout va beaucoup plus vite que dans une classe.
Les difficultés qu’on rencontre, c’est d’être à la fois parent et enseignant. C’est un rapport nouveau qu’il faut mettre en place avec ses enfants et ça n’est facile ni pour les uns ni pour les autres. C’est plutôt difficile de se mettre au travail parce qu’il y a toujours mieux à faire… Mais les moins motivés ne sont pas toujours ceux qu’on croit !
Ce qui est également difficile, c’est d’assurer la continuité tout au long de l’année. Il y a parfois des tunnels dans le voyage où on visite beaucoup, on voyage beaucoup, on rencontre beaucoup de gens, où on est tout simplement très occupés et ça devient très difficile de s’imposer de garder le rythme de l’école. Le problème, c’est que ces coupures sont très mauvaises pour les enfants en termes d’apprentissage…

Et au retour, comment ça se passe à l’école ?
En ce début d’année scolaire, Stéphanie constate que ses enfants se sont parfaitement bien remis dans le rythme scolaire. Point de vue compétences, pour son fils entré en CM2, tout roule et il serait même plutôt en avance. Pour sa fille avec qui ils ont fait le CP et l’apprentissage de la lecture, elle doit gagner en fluidité mais il n’y a aucune alerte particulière.
Le choix des classes pendant le voyage est important selon Rose. Pour eux, par exemple, c’est très important que leur fils puisse faire sa rentrée en 6ème. Ils ont choisi le timing de leur prochain long voyage en fonction de cela. C’est d’ailleurs, pour eux, un critère plus important que celui du climat dans les pays qu’ils vont visiter par exemple.
Par ailleurs, les enfants reviennent de voyage avec des compétences relationnelles plus affirmées. Le voyage leur permet d’engranger des connaissances bien sûr mais on leur donne aussi le goût de l’effort, notamment quand on marche énormément. On leur apporte des valeurs et cela a tout autant de sens que l’apprentissage scolaire. Un équilibre à trouver pour chaque famille.
La vie de famille 24/7
Pour Stéphanie, c’était une crainte d’avant-départ : être tous les quatre tout le temps. Au fond d’elle, elle sentait que c’était une configuration qui pouvait marcher mais elle n’en était pas certaine. Et finalement, ses craintes ne se sont pas révélées exactes. Bien au contraire. A quatre, ils ont créé un petit cocon solide, qui, après le retour, lui manque beaucoup. Elle a pris énormément de plaisir à voir ses enfants grandir, s’épanouir, à vivre des aventures incroyables tous ensemble.
Rose abonde. Finalement, le H24 ensemble n’est pas forcément tel qu’on peut l’imaginer parce qu’on est souvent dehors et on est souvent en activité, en balade, etc. Ce n’est pas se retrouver coincés à la maison avec rien à faire. Même s’il peut y avoir des moments difficiles à vivre en vase clos, ce n’est pas ce qu’elles retiennent.


Le couple est églement mis à rude épreuve puisqu’il perd des moments à deux au bénéfice de moments familiaux. Souvent, les parents partagent la même chambre que les enfants et à certains moments la fatigue s’accumulant et la charge mentale du voyage s’accumulant, il arrive de péter des câbles !
Pour Rose, la clef pour que cette cohabitation se passe au mieux réside dans le fait d’être dehors. En pleine nature, en rando, les enfants peuvent courir, crier, chanter sans déranger personne. Ils marchent devant et les parents ont un peu de temps ensemble un peu plus au calme. Cela fait toute la différence.
En résumé, un long voyage est-il fait pour tous ?
Un long voyage est-il fait pour tous ? Peut-être pas, et ce n’est pas très grave…
Quelques désagréments inhérents au long voyage
Rose résume quelques désagréments inhérents au long voyage en sac-à-dos avec des enfants.
- Inconfort permanent du fait que ce n’est jamais comme ce dont on a l’habitude. On peut passer d’une ville tentaculaire à une réserve naturelle où on dort en tente. Chaque changement de pays vient avec une nouvelle monnaie, de nouvelles habitudes, de nouveaux codes à adopter et le plus souvent avec une nouvelle langue. C’est une adaptation permanente.
- On ne dort pas forcément bien parce que dans certains pays, les lits sont très durs ! On est très régulièrement dans la même chambre que les enfants. La fatigue s’accumule.
- Il y a aussi beaucoup d’incertitudes. On ne sait pas toujours ce qu’on va faire le lendemain, l’après-midi ni même ce qui va se passer dans les prochaines 10 minutes. Et on n’a pas tous les mêmes réponses à cette incertitude. Pour certains enfants, notamment, cela peut être partciulièrement déroutant et difficile à gérer.
Avant de partir en backpack, Rose prodigue ces quelques conseils :
- bien connaître son couple
- bien se connaître soi-même
- bien connaître sa famille et les besoins de chacun
- rester à l’écoute les uns des autres.

Les transitions entre pays
Stéphanie soulève aussi un sujet que je trouve très important et qu’on néglige trop souvent lorsqu’on parle de tour du monde. Bien sûr, le concept d’un tel voyage, c’est de passer de pays en pays et de multiplier les expériences. Mais chaque transition est assez rapide et du jour au lendemain, il faut tout réapprendre. Le problème ? On n’a pas le temps de digérer, d’infuser les expériences vécues dans le pays précédent.
Pour Stéphanie, à chaque changement, elle avait une baisse d’énergie, d’au moins quelques jours. C’était le temps nécessaire pour se relancer et s’acclimater dans le nouveau pays.
Rose, elle, abonde mais ajoute aussi qu’au-delà de la digestion, il y a un goût de trop peu de ce qu’elle a aimé dans chaque pays. Elle aurait envie de rester plus longtemps pour savourer et profiter alors que, dans le même temps, elle a une soif de découvertes insatiable.
Mais alors, pourquoi partir ?
Si mes deux invitées ont globalement partagé tous les constats concernant les inconvénients d’un voyage au long cours, elles répondent aussi de manière unanime : malgré tout ça, elles aiment partir sur de longues périodes avec leur famille.
Stéphanie va y chercher l’ambition de vivre intensément et pleinement. Par là, elle veut montrer à ses enfants que c’est possible, que quand on a un rêve, on peut se donner les moyens de le réaliser. Le voyage permet un élargissement du champ des possibles, une vision encore plus grande de la vie qui va les pousser à oser encore plus, à rêver encore plus grand.
Rose conclut avec cette jolie phrase : « On a tendance à dire qu’on ne vit qu’une fois. Non, on ne meurt qu’une fois. On vit tous les jours ! »
♥♥♥ Flo & co ♥♥♥
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