Vie nomade à bord d’un voilier, le témoignage inspirant de Marion #podcast 142
Marion et Ivan ont quatre enfants âgés de 10 à 18 ans. Anne, Claire, Agathe et le petit dernier Antoine ont embarqué à bord d’un voilier depuis presque 2 ans. Avant le départ, ils ont d’abord vécu presque un an sur le bateau pour le rénover. On parle ici d’un véritable changement de vie. Comment, pourquoi une famille tranquille du Nord de la France a décidé, presque du jour au lendemain de tout quitter pour vivre à bord d’un bateau ?
L’idée est venue en regardant une émission télévisée présentant une famille qui voyageait. Si l’idée était déjà un peu dans les têtes, elle est devenue concrète à ce moment-là.
7 ans de préparation pour une vie nomade à bord d’un voilier
La mise en oeuvre a été assez longue puisqu’elle a duré environ 7 ans. Pourquoi si longtemps ?
- Ivan voulait vraiment partir en bateau mais il ne savait pas du tout naviguer. Donc il fallu s’y mettre et cela a pris du temps.
- La famille a tout de suite fait le choix de l’instruction en famille, ce qui a probablement ralenti la préparation. Néanmoins, cela les a confortés dans leur choix !
- Il a fallu se réinventer professionnellement. Marion et Ivan avaient une entreprise mais après une longue réflexion, ils ont décidé d’arrêter leur activité. Ils se sont donc reconvertis en suivant des formations.
Les raisons profondes de ce changement de vie
Cette question n’est pas toujours facile mais on n’opère pas un tel changement de vie sans raison. J’ai donc demandé à Marion ce qui les a poussés à choisir une vie nomade à bord d’un voilier avec toute leur tribu.
Marion et Ivan se sont également posé cette question et ils ont fait un véritable travail pour identifier le pourquoi de cette envie de changer de vie. Aujourd’hui, d’ailleurs, ce travail réalisé il y a plusieurs années porte ses fruits. En effet, c’est parce qu’ils ont identifié les raisons profondes de leur projet qu’ils peuvent s’y raccrocher dans les moments difficiles.
La réponse à la question tient en cinq verbes d’action qui représentent leurs envies profondes :
- Oser. Se montrer à soi-même et montrer aux enfants qu’on peut vivre ses rêves et que même si on n’y arrive pas, on aura déjà vécu quelque chose d’incroybale.
- S’alléger, à la fois au sens matériel et spirituel.
- Se libérer du trop plein matériel de la vie terrestre, se dégager du superflu. La vie en voilier les a obligés à concrétiser cela, trier et se débarrasser de tout. Toujours dans l’idée de montrer aux enfants qu’on n’a pas besoin de tant que ça pour vivre.
- Et se dégager des obligations sociétales. Il leur a été reproché de sortir du cadre, d’élever leurs enfants différemment. Ils ont souhaité s’alléger de toutes ces injections. On peut vivre autrement, en mettant des gilets de sauvetage certes mais quand même !
- Rencontrer. Rencontrer le monde, les cultures, les gens (les voyageurs et les locaux) et se rencontrer soi-même.
- Apprendre. De ce qu’ils rencontrent dans le monde, de cette expérience de vie.
- Partager. Dans des podcasts, sur les réseaux sociaux. Cela fait partie du voyage. Transmettre, échanger et bien sûr, cela permet de recevoir en retour.
Retrouvez la formidable aventure de vie nomade à bord d’un voilier de Marion, Ivan et leurs enfants sur leur compte instagram @lancreetlesvoiles et leur compte Facebook du même nom.
Et les enfants dans tout ça ?
Quand les parents ont parlé du projet la première fois, ça a été l’emballement général. Le plus jeune de la fratrie avait 1 an donc il a vraiment été élevé dans le projet depuis toujours ! Depuis le début, les enfants ont participé aux différentes étapes, c’était vraiment un projet familial. Le voyage était déjà là…
Pour Marion, c’était très important que les enfants se rendent compte de la longueur de la préparation d’un tel projet. Ils savent que ça a été difficile pour Marion et Ivan de réaliser ce rêve. Ils ont vécu des moments où le projet a été complètement remis en question avec beaucoup de doutes. Les enfants ont pris conscience des efforts à déployer pour réaliser les projets qui nous tiennent à coeur.
Les enfants ont également compris que le fait de se mettre en route vers un projet est déjà une expérience familiale qui méritait d’être vécue. Même si le projet ne se réalise pas, le chemin est important !
Les deux premières années de vie nomade à bord d’un voilier
Les deux premières années de vie nomade à bord d’un voilier n’ont pas été de tout repos. En effet, la famille a cumulé plusieurs éléments très intenses : voyager, avoir une famille nombreuse, faire l’école à la maison, naviguer, changer de vie, faire grandir une activité professionnelle entrepreneuriale. Tout cela demande beaucoup de temps et d’énergie.
Dès les premiers mois de navigation, leur fille aînée était en train de passer le bac. Pendant les six derniers mois de la terminale, la famille s’est donc posée au port pour pouvoir aménager un rythme de travail et d’études favorable.
Marion pointe du doigt l’extraordinaire confort dont nous jouissons à terre, sans même nous en rendre compte ! En voilier, chaque chose de la vie quotidienne est une aventure : faire les courses pour 6 peut devenir épique !
Evacuer les poubelles et aller à la laverie sont les deux premières missions de découverte d’un nouvel endroit. Et ce n’est pas toujours une mince affaire ! La gestion de cette vie quotidienne demande lâcher-prise et débrouillardise. Tout le monde apprend à se contenter de ce qu’il a…
Par ailleurs, à bord, la consommation d’eau et d’électricité est scrutée avec attention.
L’itinéraire
Marion et Ivan voyagent lentement. C’est aussi cela qui leur permet de gérer les multiples aspects d’une vie de famille nombreuse. Il y a deux ans, ils ont quitté le Sud de la France du côté de Marseille en direction de l’Est. Traversée vers la Corse, descente le long de la côte Ouest de la Corse, Nord-Ouest de la Sardaigne puis traversée vers les Baléares. Ils ont ensuite longé la côte Espagnole jusqu’à Gibraltar.
L’expérience du voilier vous tente ? Ecoutez le témoignage de Claire qui a navigué pendant un mois avec mari et enfants dans les Antilles.
Le Sud de l’Espagne a été l’occasion d’une pause terrestre pour un road-trip en camping-car en Andalousie. Ils sont ensuite restés à Gibraltar quelque temps avant de traverser jusqu’au Maroc. Escale à Tanger avec plusieurs road-trips dans le Nord du Maroc. Descente vers Agadir le long des côtes Marocaines. Et enfin une traversée jusqu’aux Canaries.
Ils sont restés 6 mois à Lanzarote le temps pour leur aînée de passer le bac. L’été dernier, ils ont entrepris de naviguer dans toutes les îles Canaries pendant 4 mois. Alors que c’est habituellement une escale pour les tour-du-mondistes à la voile, ils ont saisi l’opportunité de découvrir cet archipel qui les a enchantés !
Pendant les road-trips, le bateau reste dans un port. La durée du road-trip et son organisation dépend un peu de la météo et de la situation du port. Par exemple, à Agadir, le port est très mal protégé de la houle. La petite incursion dans les terres a donc été écourtée à cause de la météo.
A l’automne dernier, ils devaient prendre la direction du Cap-Vert. Malheureusement, le mal de mer de leur fille aînée a contraint les projets. C’était tellement difficile, elle était tellement mal qu’ils ont préféré s’arrêter. Cela n’a pas été une décision facile à prendre mais ils ont finalement choisi de rester aux Canaries jusqu’à l’été prochain, jusqu’à ce qu’Anne prenne son envol et quitte le nid. Ils rejoindront alors le Cap-Vert avant d’entamer la transatlantique jusqu’au Brésil puis remonter ensuite jusqu’aux Antilles.
L’importance de la routine
L’organisation de la vie à bord d’un voilier, de surcroît avec quatre enfants est un défi. Marion nous confie que c’est toujours difficile de jongler avec les impératifs de l’instruction et les impératifs profesionnels. C’est la partie la plus difficile pour Marion : être parent, professeur et en même temps dans son métier.
Alors qu’elle était installée depuis plusieurs années, la routine de l’école à la maison a volé en éclats une première fois quand la famille s’est installée dans le bateau pour y faire des travaux. Un autre stade a été atteint en commençant le voyage. Le moindre programme mis en place étant susceptible de voler en éclats à cause du voyage et plus précisément du voyage en bateau. Ce type de voyage est très soumis aux aléas de la météo !
Les rencontres avec les autres voyageurs sont aussi sources de décalage parce qu’il y a peu de voyageurs nomades en bateau. Ce sont des voyageurs en congé sabbatique ou des retraités pour la plupart, donc des gens à fond dans le voyage, sans les mêmes contraintes.
En fin d’année dernière, la famille a vraiment eu le besoin de réinstaller une routine et de remettre un cadre. Cloisonner plus, à la fois les sujets mais aussi les espaces. Mieux définir les rôles de chacun, répartir les tâches notamment pour l’école. Marion et Ivan se fixent des réunions de travail et s’y tiennent. Leur vie a changé !
Depuis ce mois d’avril, les deux plus jeunes enfants sont inscrits à l’école publique aux Canaries. C’est la première fois qu’ils sont scolarisés. C’est l’occasion pour eux d’apprendre les contraintes horaires. Marion et Ivan avaient l’impression que c’était plus compliqué pour eux de comprendre cet impératif de cadre car ils ne l’avaient jamais vraiment expérimenté en-dehors du giron familial.
La routine est loin d’être mortelle. Elle est absolument nécessaire pour une vie en famille ! Et finalement, c’est là la liberté selon Marion. N’accepter que les contraintes qu’on se met soi-même. Un formidable apprentissage de vie.
♥♥♥ Flo & co ♥♥♥
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