
Partir voyager en voilier sans en avoir fait avant – Podcast #163
Partir voyager en voilier sans en avoir fait avant, c’est la drôle d’histoire de Christophe, Audrey et leurs 4 enfants. Dans cet épisode, Christophe nous raconte le parcours de sa famille, partie pour un voyage de 2-3 ans qui s’est transformée au fil des ans en une vie nomade, pleine et entière. Un parcours inspirant à découvrir juste ici.
Les présentations et le déclic
Christophe, 43 ans, et Audrey ont 4 enfants, aujourd’hui âgés de 6, 9, 11 et 13 ans. Ils ont vécu plusieurs expatriations pendant près de 15 ans dont 9 ans passés en Afrique, au Gabon et au Cameroun. En 2021, les conditions de vie étaient devenues un peu difficiles au Cameroun à cause d’un conflit latent entre communautés. La vie de famille était intense avec 4 jeunes enfants. Ils ont ressenti le besoin de faire un break pour ralentir une vie qui allait très (trop ?) vite.
C’est alors qu’ils ont eu une sorte de déclic quand Christophe a lu quelque part qu’à l’âge de 12 ans, les enfants ont déjà passé trois-quarts du temps qu’ils vont passer dans leur vie avec leurs parents. (Le chiffre n’est peut-être pas exact mais c’est un ordre d’idée.)
L’idée d’un long voyage n’était pas nouvelle mais ils repoussaient toujours ce moment : quand la grande aura tel âge, ce sera bien, quand le petit aura tel âge, ce sera bien. Ils ont décidé de ne pas attendre la prochaine expatriation ou une autre excuse dans le genre et de prendre enfin une décision : on part ou on ne part pas ?
Ils se sont donnés une semaine de vacances pour prendre une décision claire. Et en 48h, ils ont décidé de faire une pause, à ce moment-là, pour 2 ou 3 ans. Ensuite, ils reviendraient. De là, tout est allé très vite : en rentrant de vacances, Christophe l’annonçait à son chef, moins de 3 semaines plus tard, ils quittaient le pays, direction la France et la maison qu’ils avaient gardée. Une semaine plus tard, ils signaient un bon de commande pour un moyen de transport audacieux et engageant : un voilier. Ils partiraient voyager en voilier sans en avoir fait avant.
Pourquoi ne pas avoir demandé un congé sabbatique ? Christophe explique qu’il savait déjà que, pour lui, 12 mois seraient trop courts et qu’il n’avait aucun envie d’avoir une horloge qui compterait le temps restant. Ils avaient besoin de tout larguer et écrire une nouvelle histoire.

Partir voyager en voilier sans en avoir fait avant
Christophe avait émis l’idée de faire un voyage en bateau. Sauf qu’ils n’avaient jamais fait de bateau de leur vie, ni l’un ni l’autre. Mais Audrey n’était pas 100% convaincue par le projet. Partir voyager en voilier sans en avoir fait avant ? Pourquoi pas mais plus tard. Le projet initial étant de partir en camping-car sur les routes d’Europe, ils verraient ensuite pour le bateau.
Mais il s’est avéré que c’était très compliqué de louer un camping-car pour une année, qui était l’idée qu’ils envisageaient. Il faut se remettre dans le contexte de 2021 et le covid était encore bien présent dans notre quotidien donc c’était compliqué de trouver à louer pour quitter la France. Un peu onéreux d’en acheter un juste pour une année…
Dans l’intervalle, Christophe avait pris rendez-vous dans un chantier naval à La Rochelle. Une semaine après leur retour en France, ils y étaient avec Audrey. Le vendeur qu’ils ont rencontré proposait de les accompagner pour deux ans après l’achat. Ils ont donc signé le bon de commande pour un bateau en leasing.
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Pour vous lancer à votre tour et tester la navigation à plus petite échelle, retrouvez nos articles :
Comment se former à la navigation ?
C’est bien joli tout ça mais voyager en voilier sans en avoir fait avant, c’est peut-être un peu risqué, non ? Christophe et Audrey ont pris le temps de se former. Il y a des formations privées qui proposent des cours techniques sur les bateaux. Ils se sont formés pendant 6 mois environ sur différents sujets : météorologie, médecine en mer, survie, mécanique, électricité… Et ils ont passé leur permis haute mer, qui n’est pourtant pas obligatoire.
A la fin de leur cursus de formation, il leur restait trois mois avant de prendre possession de leur propre bateau. Mais à ce stade, ils n’avaient toujours pas mis un pied sur un voilier ! Ils ont alors hésité à en louer pour tester un peu mais au vu des prix, ils ont préféré attendre la livraison du leur.
A réception d’un voilier, l’idée est de tester le bateau pendant deux-trois semaines avec la possibilité de revenir au chantier pour corriger ce qui doit l’être. Depuis La Rochelle, cap au Nord et direction Lorient en Bretagne. Ces premières semaines de navigation ont été riches en enseignement pour ces nouveaux marins !
Le départ
Après ce premier test qui a été concluant et quelques ajustements au chantier de La Rochelle, la famille a mis le cap au Sud : Golfe de Gascogne, Espagne, Portugal, Madère, Canaries puis Cap-Vert dans l’optique de traverser l’Atlantique en décembre.
Après la Transatlantique, ils ont passé du temps dans les Caraïbes puis ont remonté l’Arc Antillais jusqu’aux Etats-Unis où ils avaient fait une demande de visa de 6 mois. Mouiller derrière la Statue de la Liberté à New York, ça envoie du rêve, non ?
Devenir pleinement nomades
Quel choix pour éliminer l’idée d’une fin ?
Après un an de préparation et un an de voyage, deux options s’offraient à eux : poursuivre le voyage en passant le canal de Panama puis traverser le Pacifique ou rentrer en Europe. Ils ont senti à ce moment-là que leur bateau commençait à être un peu trop petit pour leur famille de 6. Les deux grandes filles avaient besoin de plus d’espace et d’une vraie cabine. Ils auraient sans doute pu tenir un an de plus mais s’ils voulaient continuer à voyager sans date de fin, il leur fallait penser à l’avenir.
Ils ont donc pris la décision de rentrer en France, vendre le bateau, vendre la maison qu’ils avaient gardée jusque-là et changer de voilier. Il a fallu environ une année pour entériner ce nouveau changement, cette entrée dans la « vraie » vie nomade pleine et entière.
Pendant cette année de transition, ils ont acheté un camping-car à la découverte d’un petit bout d’Europe. Ils ont également voyagé en Nouvelle-Zélande pour rendre visite à la soeur de Christophe installée là-bas. Au retour, ils ont revendu le camping-car et sont repartis, à bord de leur nouveau bateau, cette fois-ci sans date de retour. Rentrer où ?
Est-ce qu’on peut comparer camping-car et bateau ?
J’ai profité des multiples expériences de voyage de Christophe pour lui demander si camping-car et bateau étaient des modes de voyage au long cours comparables. Réponse de Christophe : Non ! C’est incomparable. Si on a l’occasion de faire les deux, Christophe conseille de faire le camping-car puis le bateau parce qu’à son sens, le bateau est nettement plus confortable !
A noter tout de même, Christophe et Audrey sont une famille de 6 personnes donc même s’ils avaient pris un camping-car adapté à leur grande famille, la question de l’espace reste au coeur de la vie quotidienne !
Ce qui change aussi entre camping-car et bateau, ce sont les contraintes liées à la vie sur Terre, notamment pour s’arrêter dormir. A la campagne, encore, ça passe mais dès qu’on est un peu proches d’une ville, il y a des nuisances. Alors qu’en bateau, tout est très simple. Quand tu arrives quelque part, tu hisses le pavillon jaune pour prévenir que tu viens d’arriver et que tu n’a pas fait les papiers d’entrée. Personne ne va venir te chasser. Quand tu passes d’île en île, tu peux très facilement être seul selon les endroits. A terre, c’est très difficile d’être seuls.
Mais, en camping-car, les contraintes sont beaucoup moins fortes en termes de sécurité par exemple. S’il se passe quoi que ce soit, on pourra relativement facilement trouver de l’aide. En bateau, rien n’est facile de ce point de vue-là et les aléas sont beaucoup plus importants.

Quelle place pour les enfants dans ce parcours atypique ?
En 2021, au moment de leur première prise de décision, Christophe et Audrey ont annoncé à leurs enfants qu’ils allaient partir en voyage pendant quelques temps. A l’époque, les enfants avaient 9, 7, 5 et 3 ans. Ils ont plutôt été contents de l’idée. Seule petite réticence pour l’aînée qui avait noué de belles amitiés après plusieurs années de vie au Cameroun. Ce n’était pas facile de quitter ses amies. Aujourd’hui, elle n’a plus du tout le même discours parce qu’elle se rend compte qu’elle a réussi à maintenir ces amitiés malgré le voyage !
Ils ont commencé l’école à la maison pendant leur année de préparation en France dans l’idée de créer une routine qui serait déjà en place pour quand ils seraient en bateau. Et il a bien fallu un an pour que ça devienne un automatisme et que le rythme soit accepté par tout le monde. Ce qui est long aussi à mettre en place, c’est l’autonomie ! Le plan est de travailler tous les matins. Bien sûr, parfois, le plan change parce qu’ils sont en navigation, parce qu’il y a une randonnée à faire ou une ville à visiter par exemple.
Les enfants n’étaient pas affiliés à un organisme scolaire dans l’esprit de garder la liberté du voyage. C’était hors de question que l’école devienne une contrainte trop forte. Il y a déjà beaucoup de contraintes techniques et logistiques à la vie en bateau. Ils ne voulaient pas s’en rajouter, au moins pour les deux premières années.
Depuis deux ans, Liv, leur fille aînée, est inscrite à l’EIB (Ecole Internationale Bilingue). C’est une école qui a un établissement à Paris mais aussi une branche à distance. C’est elle qui a demandé à ses parents de l’inscrire parce qu’elle voulait passer le brevet et avoir des notes. C’est quelque chose qui était important pour elle. Elle a d’ailleurs sauté une autre classe !
Aujourd’hui, être nomades ou sédentaires, ce n’est pas un sujet pour les enfants. C’est leur vie, c’est tout.
Entreprendre alors qu’on voyage en famille
Au moment du départ, Audrey a saisi une opportunité pour monter un business et débuter une aventure entrepreneuriale. Ce n’était pas une évidence car il a fallu attendre de longs mois avant qu’ils n’aient internet à bord. Pas facile dans ces conditions de se lancer ! Christophe l’a soutenu comme il a pu en gérant un peu plus la logistique, les enfants, l’école quand elle avait besoin. Tous les deux n’attendaient pas grand chose de cette expérience mais Audrey y prenait du plaisir et ils verraient bien si ça donnait quelque chose. Aujourd’hui, ils travaillent tous les deux depuis le bateau car elle avait trop de travail pour elle toute seule !
Vous pouvez suivre l’aventure familiale et entrepreneuriale de Christophe et Audrey sur leur compte instagram.
Et pour la suite ?
Liv étant en seconde, il lui reste 3 ans avant de passer son bac. Christophe et Audrey envisagent de passer ces trois années en Méditerranée. Mais l’histoire n’est pas écrite et c’est sans doute là le plus grand luxe de leur vie aujourd’hui : avoir le choix. Ils pourront s’adapter si leurs enfants aspirent à autre chose que vivre sur un bateau. Ils pourront aussi se réorienter s’ils ont envie d’autre chose à un moment donné. Ils jouissent aujourd’hui d’une immense liberté, acquise grâce à leurs choix audacieux et courageux des dernières années.
Pour le moment, leur seul projet est de continuer à s’épanouir et être heureux tous ensemble dans cette vie quelque peu atypique qu’ils ont construite.
♥♥♥ Flo & co ♥♥♥
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