
Tout quitter pour vivre en camping-car, quand cela tourne pas comme tu l’imaginais – Podcast #159
Souvenez-vous, il y a plus de 2 ans, j’avais interviewé Julie aka @osez tout plaquer sur leur projet de tout quitter pour vivre une vie de nomade en camping-car. Aujourd’hui, Julie est de nouveau à mon micro pour nous partager son expérience suite à ce projet.
L’idée fait rêver des milliers de personnes : tout quitter, vendre ses biens, et partir sur les routes à bord d’un véhicule aménagé, en quête de liberté et d’une vie plus simple. C’était le projet audacieux dans lequel Julie et sa famille se sont lancés. Deux ans après le début de cette aventure, elle partage un retour d’expérience sincère et loin des clichés idéalisés. Son témoignage est une plongée dans les coulisses d’une vie nomade, avec ses joies immenses, ses défis imprévus et les leçons profondes qu’elle en a tirées. Tout quitter pour vivre en camping-car, le réve désenchantée de Julie.
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Quel était le projet de départ ?
Notre aventure a commencé par un désir profond de changement. Nous étions expatriés en Côte d’Ivoire et menions une vie confortable, bien installée, avec un emploi stable en CDI. Cependant, la naissance de notre fils a été un véritable électrochoc, un appel à redéfinir ce qui comptait vraiment pour nous. Nous aspirions à une autre existence, une vie où nous pourrions passer plus de temps en famille, jouir d’une plus grande liberté et rompre avec une routine qui nous semblait de plus en plus pesante.
L’idée a mûri et s’est imposée comme une évidence : nous allions tout quitter pour vivre en camping-car. C’était notre unique plan, notre plan A. J’insiste sur ce point car il était au cœur de notre démarche : il n’y avait pas de plan B, pas de filet de sécurité. Pour nous, c’était une manière de nous immerger totalement dans cette nouvelle vie, de ne laisser aucune place au doute ou à la tentation de revenir en arrière. Nous n’avions pas de « porte de sortie » mentale, ce qui, pensions-nous, nous obligerait à faire fonctionner ce projet.
Notre premier pas concret a été l’achat d’un camping-car. Sur un coup de cœur, nous avons trouvé un vieux véhicule, imaginant qu’il serait notre maison sur roues, prête à nous emmener vers de nouveaux horizons. L’idée n’était pas seulement de voyager, mais aussi de me réinventer professionnellement. Je souhaitais ardemment construire une activité qui m’offrirait une totale autonomie, notamment géographique, pour pouvoir travailler d’où je le voulais. Sans avoir une idée précise au départ, j’ai commencé à me former en ligne, voyant cette future liberté comme le pilier de ma nouvelle carrière. Le projet était donc double : une transformation de notre mode de vie familial et une transformation de ma propre vie professionnelle, le tout animé par une quête de simplicité et un retour à l’essentiel.
Ecouter le premier témoignage de Julie : Oser tout plaquer pour vivre en camping-car : le projet, un voyage sans date de retour.
Comment s’est passé le départ ?
Entre le rêve que nous avions et la réalité, les premiers obstacles ne se sont pas fait attendre. Le départ, que j’imaginais rapide et excitant, s’est révélé être un parcours bien plus complexe et long que prévu. Notre première grande désillusion est venue du camping-car lui-même. Le véhicule que nous avions acheté sur un coup de cœur était en fait un « vieux camping-car dans son jus », qui nécessitait des rénovations profondes pour devenir un foyer sûr et confortable pour notre famille.
Loin de l’image du véhicule « clé en main », nous nous sommes retrouvés face à un véritable chantier. Mon mari, David, a courageusement pris les choses en main et a entrepris de tout rénover lui-même. C’était un travail colossal qui demandait du temps, de l’énergie et beaucoup de patience. Chaque étape, de l’isolation à l’électricité en passant par l’aménagement intérieur, rallongeait nos délais.
À ce premier défi technique s’est ajoutée une contrainte administrative que nous avions sous-estimée : la nécessité de passer le permis poids lourd. Conduire un tel véhicule ne s’improvise pas et requiert une certification spécifique. Le temps de se former et de passer les examens a encore repoussé notre date de départ.
Notre calendrier initial a été complètement dynamité. La décision de partir avait été prise en octobre, mais nous n’avons pu quitter la Côte d’Ivoire qu’en juillet de l’année suivante. Et l’attente n’était pas terminée. Une fois arrivés en Belgique, les rénovations et les dernières formalités nous ont encore retenus. Finalement, ce n’est qu’en décembre, plus d’un an après notre décision initiale, que nous avons enfin pu prendre la route. Ce long et laborieux processus de préparation a été notre première grande leçon : la vie nomade, loin d’être une fuite spontanée, exige une préparation minutieuse et une patience à toute épreuve.
Quel était l’itinéraire prévu au départ de la Belgique ?
Alors que nous touchions enfin au but, un nouvel imprévu de taille est venu perturber nos plans. Juste avant notre grand départ, David a reçu une proposition de mission de deux mois en Côte d’Ivoire. Cette offre a créé un véritable dilemme pour nous. D’un côté, c’était une opportunité financière et une chance pour lui de renouer avec un pays qu’il appréciait. De l’autre, c’était un obstacle majeur à notre projet familial.
Pour moi, il était inenvisageable de reporter une nouvelle fois le voyage. L’attente avait été trop longue. J’ai donc pris une décision audacieuse : je partirais seule, avec notre fils de 18 mois, notre chien et nos deux chats. La charge s’annonçait immense, mais mon envie de partir était plus forte que tout.
Nous avons donc élaboré un nouveau plan. David m’accompagnerait au début du trajet et me conduirait jusqu’à un « rassemblement de voyageurs » au Portugal. Cet endroit, sorte de communauté temporaire, me semblait être un point de chute rassurant pour que je ne sois pas complètement livrée à moi-même. Une fois sur place, il prendrait l’avion pour sa mission. Mon défi serait de remonter seule la route avec le camping-car, du sud du Portugal jusqu’au sud de la France, où nous devions nous retrouver à son retour. C’était un itinéraire dicté par les circonstances, un ajustement de plus qui allait profondément transformer la nature de notre aventure.
Comment s’est passée cette première expérience ?
Ce qui devait être le début d’une vie de liberté s’est rapidement transformé en une épreuve d’une intensité que je n’aurais jamais pu imaginer. Une fois avoir quitté l’espace de co- voyagueurs (qui était d’ailleurs très chouette), je devais rejoindre le sud de la France Seule. Je décris cette période comme une véritable « descente aux enfers ». La solitude a été ma première difficulté, et la plus pesante. Je me souviens avoir passé une semaine entière sans avoir une seule conversation avec un autre adulte, une situation qui pèse lourdement sur le moral et l’esprit.
La charge mentale était écrasante. Seule, je devais absolument tout gérer : la conduite, l’itinéraire, la sécurité, l’intendance, et par-dessus tout, m’occuper de mon fils en bas âge qui réclamait une attention de tous les instants. L’image idéalisée de la « van life » s’est fracassée contre une réalité bien plus crue. Les galères techniques se sont enchaînées, ajoutant du stress à mon épuisement. Notre camping-car, qui devait être notre cocon de liberté, est devenu une source de problèmes incessants : une panne électrique me privant d’eau et de lumière, un marchepied bloqué, des toilettes sèches qui fuyaient, me forçant à « faire pipi dans un seau ».
Je résume ce décalage avec une phrase qui m’est venue à l’esprit à ce moment-là : j’avais l’impression d’être « plus punk à chien que nomade bohème ». L’aventure romantique s’était muée en une lutte quotidienne pour la survie logistique. Chaque jour apportait son lot de défis : apprendre à la dure qu’il faut surveiller la météo avant de se garer en bord de mer, me faire déloger par la police en pleine nuit. Ce mois de voyage en solo a été une épreuve qui m’a profondément marquée et abîmée, loin, très loin, du rêve initial.
Comment s’est passé la suite du voyage après les retrouvailles avec ton mari ?
Le retour de David a apporté un court répit. J’espérais sincèrement que sa présence allait « tout arranger » et nous permettre enfin de savourer notre projet. Nous avons repris la route ensemble vers la Crète pour y retrouver de la famille, un rendez-vous que nous avions fixé des mois auparavant.
Malheureusement, une fois de plus, le destin en a décidé autrement. À peine arrivés sur l’île, nous avons appris qu’un de nos proches était tombé très gravement malade. La situation a exigé un retour d’urgence en Belgique pour David et notre fils, qui ont dû prendre l’avion. Je me suis donc une nouvelle fois retrouvée seule, mais cette fois avec la mission encore plus lourde de devoir remonter le camping-car de la Crète jusqu’en Belgique.
Cette accumulation d’épreuves a été le coup de grâce. L’épuisement physique et moral, combiné à la douleur du deuil et aux difficultés incessantes de la route, nous a conduits à une décision inévitable. Notre projet, tel que nous l’avions rêvé, n’était plus viable. Nous avons compris que nous avions besoin de repos et de nous recentrer. Nous profitons d’une autre offre d’emploi en Côte d’Ivoire pour mon mari pour nous poser. C’est d’ailleurs à ce moment, que nous décidons de mettre un terme à l’aventure et vendre le camping-car. C’était la fin d’un chapitre intense, qui, malgré tout, nous avait énormément appris sur nous-mêmes.
Comment as-tu géré ta reconversion professionnelle pendant ce voyage ?
Parallèlement aux défis de la route, je menais un autre combat, intérieur celui-là : ma reconversion professionnelle. Mon objectif était de créer une activité qui m’offrirait une liberté totale, notamment géographique. Mon parcours a été plus une évolution organique qu’un plan de carrière défini. J’ai débuté avec une formation en montage vidéo, puis, en animant le compte Instagram de notre voyage, je me suis découvert une passion pour les réseaux sociaux. De fil en aiguille, de formation en formation, j’ai affiné mon projet pour devenir coach Instagram.
Sur la route, surtout lorsque j’étais seule, mon emploi du temps était d’une discipline de fer. Mon organisation était « militaire ». Mes journées étaient entièrement consacrées à mon fils et à la logistique du camping-car. Mon temps de travail était limité à deux créneaux : les deux heures de sieste de mon fils, et les longues soirées, où je travaillais souvent de 19h30 jusqu’à 23h ou minuit. C’est un véritable « feu intérieur », une passion dévorante pour la construction de mon propre projet, qui m’a donné l’énergie nécessaire pour tenir ce rythme effréné.
Cependant, je reconnais une chose essentielle : mon activité n’a véritablement pu prendre son envol que lorsque nous avons mis fin à notre vie nomade. Le retour à une forme de sédentarité, même temporaire, m’a offert la stabilité et la structure dont j’avais besoin pour professionnaliser mon projet. J’ai enfin pu bénéficier de plages de travail fixes et d’une charge mentale allégée, ce qui a permis à mon entreprise de décoller.

Quels conseils donnerais-tu aux familles qui veulent tout quitter pour vivre en camping-car ?
Forte de cette expérience riche et intense, je partage plusieurs conseils qui me semblent essentiels pour ceux qui rêvent de prendre la route.
- Testez le mode de vie en conditions réelles : La plus grande erreur que l’on peut faire, à mon avis, est de se baser sur des expériences passées qui ne correspondent pas à la configuration familiale actuelle. Voyager en couple est une chose, mais voyager avec de jeunes enfants en est une autre, bien plus complexe. Il est crucial de faire un test, même sur une courte période, avec toute la famille pour vraiment mesurer les défis logistiques et humains.
- Ralentissez et évitez la pression des engagements : La liberté de la vie nomade peut vite devenir une illusion si l’on se surcharge d’objectifs et de rendez-vous. L’erreur que nous avons faite en nous engageant à être en Crète à une date précise a transformé notre voyage en une course contre la montre. Mon conseil est donc de partir avec un itinéraire flexible, de s’autoriser à ne rien faire, à simplement « être » plutôt qu’à « faire » constamment.
- Partagez la charge mentale et les responsabilités : Tenter de gérer simultanément la logistique complexe du voyage, l’éducation des enfants (pas pour nous) et le lancement d’une nouvelle activité est une recette pour l’épuisement. Pour moi, il est très difficile de tout assumer seul. Idéalement, les rôles doivent être clairement répartis : si une personne se consacre au développement professionnel, l’autre doit pouvoir prendre en charge la gestion du « foyer » roulant.
- Ne considérez jamais un changement de cap comme un échec : Si l’aventure ne se déroule pas comme vous l’aviez imaginé, ce n’est pas une défaite. Chaque expérience, même les plus difficiles, est une occasion d’apprendre sur soi, sur ses limites et sur ses véritables besoins. Pour nous, cette aventure nous a permis de comprendre que nous avions besoin de plus de structure et de routine, des besoins que nous n’avions pas identifiés au départ. Revenir en arrière ou bifurquer vers un autre projet, comme nous l’avons fait, fait partie du cheminement.
- Choisissez le bon véhicule pour votre confort : Le confort est un élément essentiel, que l’on a tendance à sous-estimer. Notre vieux camping-car, bien que plein de charme, n’était pas fonctionnel pour une famille. Avec le recul, je pense qu’un véhicule plus grand et mieux équipé, comme un bus aménagé, nous aurait offert une meilleure qualité de vie et plus d’autonomie (plus d’eau, plus d’électricité), ce qui aurait considérablement réduit notre charge logistique quotidienne.
Notre aventure n’a été ni un conte de fées, ni un échec total. C’est le récit authentique d’un rêve confronté à la réalité, une expérience qui, malgré ses difficultés, nous a permis de nous connaître profondément et de redéfinir notre vision du bonheur. Et non, je ne regrette rien. Tout quitter pour vivre en camping-car a été une expérience incroyable qui nous a permis de comprendre qui nous étions vraiment.
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