La sobriété en voyage - Voyage de 7 mois en Europe en camion
Sobriété en voyage - Camion
Eco-Responsable,  Tour d'Europe

La sobriété en voyage #podcast74

C’est déjà le dernier épisode de la saison 2020-2021 ! Et avant de céder la place à nos hors-séries de l’été, nous accueillons Antoine, qui a voyagé l’hiver dernier en Europe avec sa famille, en camion. Ce qui nous a interpellées c’est la dimension responsable de leur voyage ainsi que leur soif de liberté. Une interview très intéressante autour du voyage éco-responsable et de la sobriété.

Cet épisode est sponsorisé par Vaovert. Parce que le tourisme de masse fait beaucoup de dégâts dans des écosystèmes souvent fragiles, nous souhaitons, à notre niveau, encourager la pratique d’un tourisme plus durable. Grâce à Vaovert, nous pouvons trouver et réserver nos hébergements éco-responsables en France. Au-delà du lieu où dormir, Vaovert nous permet d’organiser des escapades ressourçantes et dépaysantes et de partir à la rencontre d’hébergeurs respectueux de la nature. En toute transparence, Vaovert a mis au point un indice qui permet de mesurer le niveau d’engagement de chaque hébergeur pour faire votre choix en toute connaissance de cause !

1- Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Antoine, j’ai 36 ans. Je vis à Nantes avec Camille et nous avons deux enfants : Malek, 3 ans et Emilio, 6 ans.

Est-ce que tu peux nous parler de ce projet de tour d’Europe ?

On aime beaucoup voyager avec Camille. Nous étions déjà partis plusieurs fois tous les deux en sac-à-dos. Cette fois-ci, nous voulions partir avec les enfants, en camion, pour voir plusieurs pays différents. On avait au départ l’ambition de faire un grand tour d’Europe puis on a décidé de raccourcir l’itinéraire pour prendre un peu plus le temps. Les conditions sanitaires nous ont également contraint…

Nous avons donc passé 7 mois entre la Grèce cet hiver et les Balkans au printemps : Albanie, Bosnie-Herzégovine, la Croatie.

L’idée, c’était de prendre du temps tous les quatre, sans travailler, et d’aller à la rencontre de paysages qu’on ne connaissait pas. Alors que l’Europe peut nous sembler bien connu, ce n’était pas du tout le cas.

C’était votre 1er grand voyage ?

On était déjà partis 1,5 mois au Québec mais sur une durée aussi longue, c’était la 1ère fois. D’un point de vue timing, on était avant l’entrée de Malek en maternelle et avant l’entrée d’Emilio en élémentaire. Et également avant l’entrée de Camille à l’école qui repart sur une formation. C’était une période de transition propice à ce voyage. Moi, j’ai posé un congé parental ce qui nous a permis d’adopter une nouvelle façon de vivre au quotidien.

Vous êtes partis en plein crise sanitaire…

Oui, absolument. On a fui la crise sanitaire en traversant rapidement la France, l’Italie, la Grèce pour rejoindre le Sud de la Grèce où nous avons trouvé des conditions sanitaires et climatiques favorables.

Nous sommes partis fin octobre et nous sommes rentrés à la maison le 15 mai. Nous avons passé 4 mois complets en Grèce.

Sobriété en voyage - Famille
Crédit photo : Antoine

2- Est-ce que la crise sanitaire a failli remettre totalement en cause votre projet ?

Oui, on y a longuement réfléchi. Mais on a bien fait de partir ! Le voyage nous a éloignés de ces conditions sanitaires très contraignantes et nous a offert une grande bouffée d’oxygène. Cela nous a également permis de découvrir des lieux qu’on n’aurait sans doute pas découvert en temps normal parce qu’on a cherché le plus possible à nous éloigner des villes et des lieux un peu plus habités. On a cherché les grands espaces et on a adoré.

Et on a pris beaucoup plus le temps. On s’est adaptés au fur et à mesure. Cela nous a permis de faire des rencontres en restant parfois 10-15 jours sur un même lieu.

Par exemple, nous sommes devenus amis avec une famille de nomades Allemands qu’on a rencontrée sur une plage. Et on les a accompagnés dans un moment fort de leur vie puisqu’ils ont accueilli un 4ème enfant à ce moment-là. Tout naturellement, nous avons décidé de prolonger notre séjour à leurs côtés pour les aider un peu dans ces moments où le temps manque toujours aux parents.

J’ai lu aussi sur votre blog votre rencontre très marquante dans une ferme

Oui, c’était en France. En fait, sur le chemin du retour, on a décidé de faire un petit tour de notre pays par les petites routes plutôt que de rentrer directement. On est allés chez cet agriculteur qui accueille des camping-caristes sur son terrain.

On a passé une nuit et une matinée à discuter avec cet agriculteur de choses très intimes. Il s’est livré de manière très belle, très triste aussi mais c’était une très belle rencontre.

Comment tu trouves ces endroits pour passer la nuit ?

On a souvent utilisé Park4Night, cette application un peu phare pour les voyageurs itinérants. On a aussi utilisé les images satellites sur internet pour trouver des lieux accessibles, au bord de l’eau, etc. Et on a trouvé aussi des mini camps qui sont des petits campings qui limitent le nombre de place pour réellement accueillir les voyageurs. En France, il y a l’accueil paysan qui favorise la rencontre entre les agriculteurs/éleveurs et les voyageurs.

Pour les voyages éco-responsables, il existe la plateforme Vaovert, est-ce que tu connais ?

Oui. Alors pour voyager de manière éco-responsable, déjà l’idée de voyager en France est plutôt bonne. On peut voyager près de chez nous et c’est déjà très riche et très intéressant.

Ce qui est très intéressant pour nous, c’est vraiment la rencontre avec la personne chez qui on est hébergés. Finalement, au cours du voyage, on a fait assez peu de camping. Une vingtaine de jours en tout. Et les principales rencontres qu’on a faites étaients dans des lieux sauvages, hors hébergement et lors de toutes nos nuitées chez l’habitant.

Être hébergé chez quelqu’un apporte non seulement une forme de confort (eau, toilettes), ce qui est très reposant quand on voyage sur la route tout le temps, mais aussi des rencontres qui font la différence.

On se souvient aujourd’hui de certains lieux grâce aux personnes qu’on a rencontrées ! Tous ces gens ont vraiment donné une couleur différente à notre voyage. Et on ne peut pas le prévoir ! Quand on prépare un itinéraire, on pense d’abord aux lieux qu’on veut visiter.

Sobriété en voyage - Camion

3- Est-ce qu’il y a eu un temps fort en particulier pendant votre voyage ?

Il y a un lieu que j’ai beaucoup aimé et qui m’a beaucoup touché, c’est un lac gelé en Bosnie-Herzégovine dans le parc naturel de Blidinje. Camille voulait nous faire faire ce détour pour ce lieu qu’elle pressentait magnifique. On a roulé sur un col pendant 1h30. La route n’était pas très belle mais on finit par arriver en haut, sur un plateau entouré de montagnes enneigées. Et au coeur de ce plateau, il y a un lac gelé. On s’est installés là, complètement seuls dans ce grand espace pendant trois jours. Le lac était en train de dégeler. Nous avons vraiment vu le printemps arriver et chasser l’hiver. C’était très concret pour les enfants.

A cet endroit, on s’est demandé si la nature pouvait oublier notre passage. Est-ce qu’on pouvait avoir un impact nul ou quasi-nul en restant là quelques jours ? La nature était tellement immense et tellement sauvage à cet endroit qu’on a vraiment senti que tout ce qu’on avait mis en place dans notre fonctionnement ne la perturbait pas trop. Et c’était notre but avec Camille pendant ce séjour.

Au bout de trois jours, un vent froid s’est levé et on a décidé de reprendre la route, après avoir été accueilli par la nature dans ce lieu.

Nous vivions dehors et les enfants ont découvert une énergie qu’ils avaient en eux mais qui n’était pas révélée lorsqu’on était en ville. Alors en arrivant à Sarajevo quelques jours plus tard, cela nous a frappés à quel point le manque de « dehors » et du grand air était fort. Et finalement, on a senti plus d’inconfort en ville alors qu’a priori, on pourrait penser l’inverse.

Oui, c’est assez étonnant. On pourrait penser trouver plus d’accès à l’eau par exemple en ville ou proche d’une ville qu’au milieu de nulle part.

On a choisi de partir avec un camion très sobrement équipé. Par exemple, on n’avait pas de frigo ni de glacière. Cela paraît indispensable dans la vie de tous les jours et pourtant, cela ne nous a pas manqué. On a pris des douches froides pendant 7 mois. L’eau chaude ne nous a pas manqué.

Quand nos amis Allemands ont accueilli leur bébé, on a vécu 2 semaines en appartement avec eux. Eh bien, la première nuit, on avait vraiment le sentiment d’avoir beaucoup de nuisances, lumiuneuses et sonores, autour de nous. Tout nous semblait tout à coup inutile et vide de sens.

On a réalisé ce que la sobriété nous apportait en voyage, notamment par rapport à notre liberté. La ressource principale pour nous, c’était l’eau. Selon notre utilisation, on avait plus ou moins d’autonomie et on gagnait plus ou moins en liberté.

On avait donc mis au point des stratégies assez simples pour réguler notre consommation d’eau. Par exemple, on faisait la vaisselle sur la plage avec l’eau de la mer et du sable et cela lave aussi bien qu’avec de l’eau chaude et du produit vaisselle. Et avec quelques pratiques un peu différentes, on gagnait en autonomie et en liberté.

On a croisé d’autres camping-cars beaucoup plus gros avec des équipements électriques beaucoup plus importants. Et finalement, ils devaient rouler plus que nous et avaient moins le temps de s’arrêter parce qu’ils devaient recharger la batterie !

Sobriété en voyage - Grands espaces
Grands espaces, liberté… / Crédit photo : Antoine

4- Quand vous avez préparé ce voyage, c’était un choix conscient de voyager aussi sobrement ? Vous aviez anticipé l’impact de ce facteur sur votre autonomie et votre liberté ?

Notre sobriété était tout de même relative. On est partis en camion et pas à vélo ni à pied par exemple. Mais c’est vrai que nous avons déjà à la maison des pratiques écologiques. On a une maison en bois, hyper isolée, etc. Mais ces choix sont réfléchis et anticipés alors qu’en voyage, cette sobriété est devenue nécessaire et évidente. Et la question du confort est toute relative. On n’a pas du tout manqué de confort alors que nos lits étaient plus petits dans le camion, on a consommé beaucoup moins d’eau et d’électricité. Et même si on se lave moins et qu’on fait moins de lessive, on n’a jamais été dans l’inconfort.

Lorsqu’on a aménagé notre camion, on avait listé tous nos besoins, tout ce qu’on voulait prendre. Et on a fait l’aménagement en fonction. C’est tout à fait différent d’une maison où on a un espace qu’on remplit. Là, on adapte l’espace à ce avec quoi on veut le remplir.

On avait réfléchi avec Camille à une autonomie de trois jours. Finalement, on a vu qu’on pouvait s’arrêter beaucoup plus longtemps et qu’avec un filtre, on peut utiliser l’eau d’un lac ou d’une rivière sans trop se poser de questions.

Notre idée était également de ne pas encombrer le camion avec nos déchets. Par exemple, pour limiter notre production de déchets quand nous étions plusieurs jours en pleine nature, nous utilisions des textiles lavables et réutilisables, comme ceux de la créatrice nantaise Camzel en coton bio. Et quand les serviettes féminines fleuries sèchent sur la porte du camion, c’est l’occasion de parler de la féminité en itinérance !

De retour en France, on sent que cette approche se dilue à nouveau. Par exemple, dans la maison, on veut dormir à 18°C mais dans le camion, on a dormi à 10°C ! Une fois bien équipés, tout va bien. Et on n’a jamais souffert du froid.

Sur le blog, on parle sobriété en voyage et zéro déchet dans la catégorie Eco-responsable. Vous y trouverez notamment des articles pour vous aider à vous lancer dans une démarche zéro déchet, un petit guide pour voyager zéro déchet et des témoignages.

5- Un petit mot sur les enfants, est-ce que vous avez vu des changements en eux ?

Malek et Emilio avaient 2 ans et 5 ans quand on est partis. Ils n’ont pas du tout été malades de tout le voyage. Pas un rhume, pas une toux. Ils ont été dehors tout le temps.

C’était assez formidable de voir à quel point ils étaient curieux, de faire des grandes balades, de faire du vélo. On leur a découvert une énergie qui n’était pas aussi présente avant.

Avec Emilio, on a appréhendé l’école aussi. On a fait 1h par jour pendant 4 mois. Après, ça s’est arrêté, l’envie n’était plus là mais on a beaucoup aimé aussi cette partie-là du voyage.

Ils ont tous les deux appris quelques mots dans chacune des langues (Bonjour, s’il vous plaît, merci) et ils s’en sont servis pour aller vers les autres, pour aller jouer ! Et ils nous ont aussi poussés à aller à la rencontre des gens. Et je trouve que c’est ce qui reste le plus de notre voyage chez eux, leur capacité à s’ouvrir aux autres.

Aujourd’hui, quand on part juste un week-end avec le camion, les habitudes reviennent vite et on a l’impression de partir en voyage chaque fois, même si ce n’est pas loin et même si ce n’est pas long.

Sobriété en voyage - Déchets
Nettoyage des plages ! / Crédit photo : Antoine

6- Comment s’est passé le retour de votre voyage ? Comment l’avez-vous vécu ?

Nous sommes rentrés il y a un mois. C’est vrai que c’est un peu difficile parce qu’on se replonge dans l’ordinaire après avoir vécu l’extraordinaire.

Aujourd’hui, pour retrouver un espace naturel un peu ouvert, il faut qu’on prenne a minima le vélo, le plus souvent la voiture. Camille a ressenti de la tristesse dans la maison face à nos baies vitrées qui, même si elles nous apportent beaucoup de lumière dans la maison, nous coupent de l’extérieur.

Le grand air nous manque, l’aventure aussi.

Et en même temps, notre vie est agréable. Il faut retrouver du sens. A quel point vit-on bien avec les contraintes de la vie de tous les jours ? Celle qui sont imposées et celles qu’on s’impose à nous-mêmes. L’école, ce qu’on consomme, nos voisins qu’on ne connaît pas.

En ce moment, on prend le temps de nous poser des questions. On est dans une certaine fragilité du retour, pas facile à vivre mais intéressante.

Toutes ces remises en question font un peu peur, non ?

Non, parce que nos choix d’aujourd’hui ne seront pas forcément ceux de demain. J’ai le sentiment que notre vie aujourd’hui nous plaît bien. Mais peut-être que dans 5 ans, nous aurons une toute autre vie !

J’ai le sentiment qu’avec Camille, nous avons le choix. Nous nous confrontons au rapport au temps, qui est bien occupé depuis qu’on est rentrés ! Mais on a la certitude qu’on est bien tous les quatre et qu’ici ou ailleurs, on sera bien.

7- Quels sont vos projets pour la suite ?

Le camion est prêt à partir ! Aussi bien pour une nuit à la mer que pour quelques semaines en France ou à l’étranger. L’étranger nous permet de perdre quelques repères et cela éveille en nous une attention à ce qui nous entoure. On repartira sans doute sur quelques mois. Il y a plusieurs destinations qui nous tentent.

C’est encore une fois une question de rapport au temps, au travail, à l’école.

Ce qui compte c’est d’être bien là où on est, dans le présent.

8- Est-ce que tu aurais un conseil à ces parents qui ont envie de partir en camion comme vous ?

Question difficile… on s’est rendus compte qu’il y avait beaucoup de façons de faire : en van vintage ou camping-car xxl, en famille ou seul, à vélo, à pied. Voyager te met en route pour quelque chose, pour une attention au monde qu’on n’a pas dans le quotidien.

Quelles sont nos envies ? Est-ce qu’on est prêts à les modifier ? S’adapter régulièrement, modifier le cadre en permanence, ce n’est pas inconfortable pour les enfants.

Tout est possible.

Les limites sont seulement celles qu’on se met…

Emilie

Retrouvez le récit des aventures d’Antoine, Camille, Emilio et Malek sur leur blog.

J’espère que cet épisode vous a plu. La sobriété en voyage, le tourisme éco-responsable et durable sont des thématiques qui prennent de plus en plus de place dans nos discussions avec les voyageurs. Et vous, ça vous parle ? Comment le mettez-vous en pratique lors de vos escapades ? Racontez-nous !

♥♥♥ Emilie & Flo ♥♥♥

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