Nomades en Australie - Quand le covid te fait changer de vie
Quand le covid te fait changer de vie - Outback
Vie nomade,  Australie

Quand le covid te fait changer de vie #podcast 73

Dans ce nouvel épisode, nous partons une nouvelle fois en Australie, à la rencontre d’Elodie et sa famille. Pourtant bien installés dans une vie « classique », Elodie et sa famille se retrouvent aujourd’hui à sillonner les routes d’Australie avec une caravane vintage. Quand le covid te fait changer de vie, retour sur une aventure incroyable et inspirante.

Si l’Australie vous fait rêver, si la vie nomade vous fait rêver, foncez écouter (ou ré-écouter !) le témoignage de Jenny.

1- Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Elodie, j’ai 35 ans. Je suis expatriée en Australie depuis 10 ans. Nous sommes arrivés avec mon mari, Guillaume, à Brisbane, depuis Paris. Et c’était déjà une grande aventure en soi. Depuis, nous sommes devenus résidents permanents puis citoyens Australiens.

Nous sommes les parents d’Adam, qui a 9 ans, et de Simon, qui a 6 ans. Et nous sommes entrepreneurs depuis 5 ans. Notre vie professionnelle était vraiment bien remplie ! L’année dernière, avec la crise sanitaire, nous avons été arrêtés du jour au lendemain. Et cela nous a poussés à réfléchir à ce qu’on voulait faire de notre vie. Nous nous sommes rendus compte que nous aspirions à plus de liberté.

Quand le covid te fait changer de vie - Joie
Crédit photo : Elodie

2- Pourquoi avez-vous fait le choix, il y a 10 ans, de quitter la France pour l’Australie ?

On a toujours eu cette folie de faire les choses différemment. On avait envie d’une vie extraordinaire.

A l’époque, on avait tous les deux de très belles perspectives professionnelles devant nous. J’avais ma propre entreprise. C’est d’abord l’envie d’avoir un enfant qui nous a poussés à déménager. Nous nous sommes installés dans un premier temps à Bruxelles. Mais ensuite, c’est surtout un mois de vacances en Australie qui a été déterminant. Guillaume a eu une opportunité pour un visa professionnel. Donc on est rentrés de ce mois de vacances pour préparer notre départ.

Nous sommes arrivés en Australie 6 mois plus tard. J’étais enceinte. Et ce qui devait être juste un projet de quelques années est devenu notre projet de vie.

Vous n’avez pas hésité avant de vous lancer dans cette aventure de l’expatriation ?

Non… peut-être quelques heures ou quelques jours. Mais on avait vraiment conscience que c’était une opportunité en or qui ne se représenterait pas nécessairement. Et puis, à l’âge qu’on avait, on se disait qu’on pourrait rentrer si ça n’allait pas !

Finalement, on n’a pas trop réfléchi et en vérité, on a bien fait ! Parce que tout n’était pas aussi simple que cela…

On n’a jamais eu peur de sortir de notre zone de confort. Et quand on a envie de quelque chose, on fonce !!

3- Comment as-tu géré la transition avec ton entreprise ?

Je l’ai continuée une petite année pour terminer les contrats en cours. Avec le décalage horaire, j’avais une équipe en France qui pouvait prendre le relais. J’ai tout arrêté lors d’un retour en France après un an.

4- Comment êtes-vous devenus entrepreneurs en Australie ?

Moi, j’ai toujours été entrepreneure. J’avais déjà ce truc en moi.

Guillaume, lui, avait toujours été salarié. Son job en Australie nous avait permis d’obtenir un visa de travail qu’on a pu transformer en résidence permanente au bout de deux ans. Et ensuite, on avait encore deux ans de « bridging visa ». C’est un visa de résident permanent mais temporaire. Il faut deux ans pour le valider et qu’il devienne permanent. Guillaume « devait » donc ces quelques années à son employeur.

Mais, professionnellement, il était beaucoup moins épanoui que dans son boulot en France. Moi, je ne travaillais pas, donc nous vivions sur un seul salaire. Ce n’était pas facile. Fin 2015, il y a eu comme un déclic. Au dernier moment, son patron lui a refusé les congés alors que nous devions rentrer en France pour les fêtes de fin d’année. Cela a été l’occasion de se poser des questions.

Il avait pu monter un nouveau projet dans l’univers du pneu quelques mois auparavant, au sein de son entreprise. Il a décidé de quitter son entreprise et d’embarquer son projet en se mettant à son compte. Nous y avons travaillé tous les deux et notre vie a radicalement changé !

Quand le covid te fait changer de vie - Famille
Crédit photo : Elodie

Comment as-tu géré cette période où il était moins bien ?

On a tous les deux un caractère très positif ce qui fait qu’on voit toujours le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide.

Les premiers mois, on s’est fait aveugler par la magie de l’expatriation. Ensuite, il y a eu l’arrivée du bébé. Il nous a fallu un an et demi, deux ans avant d’avoir de vrais amis ici. Dès qu’on pouvait, on profitait de l’Australie. On a beaucoup visité, des endroits paradisiaques sans aller bien loin.

On a essayé de garder la tête haute mais c’est vrai qu’on a eu des périodes difficiles les premières années. Et au bout de 3-4 ans, on s’est posé la question : « qu’est-ce qu’on fait là ? ».

Mais au fond de nous, on n’avait pas envie de lâcher. On savait qu’on voulait faire notre vie ici. Et les enfants sont nés ici… si on leur demande s’ils sont Français ou Australiens, ils répondent Australiens en premier. Pour eux, on ne voulait pas lâcher.

C’était à Noël 2015 donc… On a eu une grosse discussion parce qu’on n’allait pas très bien et qu’il fallait qu’on fasse quelque chose pour qu’on s’en sorte. Mais c’était inconcevable pour nous de rentrer. Donc, une nouvelle fois, on s’est lancés ! Sans trop réfléchir. On a opté pour l’entrepreneuriat, tous les deux. On avait à peu près 1800 dollars d’économie donc rien…

Et ça a marché ! Au bout de trois mois, la machine était lancée et on vivait une vie professionnelle et financière qu’on n’avait jamais vécue avant !

On a l’impression que notre vie suit des cycles de 5 ans. Il nous a fallu 4-5 ans pour nous installer en Australie et avoir 4 passeports Australiens. On a passé 5 ans à travailler à notre compte. Et là, on commence un nouveau cycle !

Justement, parlons de ce nouveau cycle, de cette nouvelle aventure. Qu’est-ce qui s’est passé dans vos têtes ?

On est devenus entrepreneurs pour avoir plus de liberté et pour pouvoir organiser notre temps comme on le voulait avec nos enfants. Mais c’est inévitable, en tant qu’entrepreneur, de se faire ensevelir dans un cercle vicieux où il faut travailler toujours plus.

En cinq ans, on a lancé quatre entreprises : deux qui n’ont pas fonctionné et deux qui ont explosé. En 2017, on a monté une start-up avec l’aide d’un incubateur. Nous sommes montés très haut très vite avec l’idée d’en faire toujours plus pour gagner plus d’argent. Sans nous en rendre compte, nous avons foncé tête baissée dans ce truc-là.

Ça a été magique, ça a très bien fonctionné mais on a fini 2018 et 2019 sur les rotules. Et on s’est demandés si c’était vraiment ça qu’on voulait. On voyait de moins en moins nos enfants. On ne parlait que travail.

En 2019, nous avons engagé une transition. Nous travaillons dans l’industrie du pneu et nous avons voulu rendre notre entreprise plus écologique, plus humaine et plus sociale. On a commencé à verser des dividendes à des associations caritatives. On a travaillé avec le gouvernement Australien pour améliorer le recyclage des pneus.

Début 2020, on était au top du top ! Et en 24h, le marché Chinois a fermé. La semaine d’après, c’était le marché Américain, puis on a perdu l’Europe. Et un mois après, le marché Australien s’est fermé.

Du jour au lendemain…

On a eu 10 semaines de confinement en Australie ; plus rien ne tournait. On avait beau prendre la chose de manière positive, cela nous a fait mal de nous dire que 5 ans de travail acharné pouvaient s’arrêter du jour au lendemain.

Les deux entreprises ont été à 0 pendant plusieurs semaines et on a décidé de profiter de notre confinement avec nos enfants et… on a adoré ! Au bout de quelques semaines, on a réalisé que c’était ça la vie qu’on avait cherché en devenant entrepreneurs. C’était cette liberté qu’on cherchait et qu’on avait complètement perdue en cours de route.

Notre aîné, qui était super anxieux à l’école, avait retrouvé le sourire et l’innocence que tu es censé avoir à 8 ans. Le petit qui avait un peu de mal dans les apprentissages s’est également retrouvé libéré, avec papa ou maman à ses côtés. Au bout de 10 semaines, on a réalisé qu’on ne pouvait pas retourner dans nos vies d’avant.

Est-ce que tu penses que, pendant ces 5 ans de travail acharné, tu as raté des choses dans ta vie personnelle et familiale ?

Je dirais que oui… Heureusement, ce n’était que 5 ans. Mais oui… J’ai manqué du temps avec mon aîné. J’étais beaucoup trop stressée et anxieuse à une certaine période de ma vie et j’ai ramené ça à la maison. J’ai trop reproché aux enfants d’être anxieux et de ne pas écouter. Je ne me rendais pas compte à ce moment-là à quel point les enfants sont des éponges.

Aujourd’hui, je me dis que j’aimerais beaucoup que mes enfants deviennent entrepreneurs, dans le sens où ils sont capables de créer des choses par eux-mêmes. Mais je ne voudrais surtout pas qu’ils tombent dans ce cercle vicieux, cette quête de toujours plus d’argent, ce stress permanent.

C’est vrai qu’en tant qu’entrepreneur, on a toujours ce stress et ce besoin d’assurer ses arrières pour pouvoir constituer un matelas…

Oui, c’est exactement ça. Mais il faut savoir poser des limites.

Avec la crise sanitaire, on a été quasiment 4 mois sans revenu. On s’est posés la question « et si ça ne redémarre pas ? ». On a eu la chance que l’activité reprenne à partir de juillet 2020 mais on n’est pas au niveau d’avant.

Et comment en êtes-vous venus à prendre ce nouveau tournant assez radical et embrasser une vie nomade ?

Le plan d’après-confinement a commencé par l’achat d’une caravane. On l’a achetée pour la fête des mères 2020. On cherchait une caravane pour les week-ends et les vacances. En parallèle, on s’était rendus compte que notre maison de 300m² était complètement démesurée. On voulait une maison plus petite, auto-suffisante en énergie, avec un terrain suffisamment grand pour avoir des animaux et un potager.

On a failli acheter une maison en octobre mais la vente a été annulée au dernier moment par le vendeur. Notre déménagement était quand même prévu donc on a décidé d’utiliser notre caravane à la place et vadrouiller aux alentours pour chercher la maison de nos rêves.

Mais une idée a doucement fait son chemin dans notre esprit : celle de partir plus longtemps pour faire un vrai reset et ne pas nécessairement rentrer à nouveau dans le schéma de l’achat immobilier. Pourquoi ne pas profiter de ces 10m² de caravane pour découvrir l’Australie ?

Quand le covid te fait changer de vie - Caravane
Lever de soleil de fou !! / Crédit photo : Elodie

Comment ça se passe pour les enfants ?

Ils n’avaient pas repris puisqu’après le confinement, on avait décidé de les déscolariser. On avait gardé nos entreprises mais on les avait restructurées. Cela nous permet de garder nos jobs mais de vivre au rythme qu’on souhaite. On gagne moins qu’avant mais on a énormément diminué nos dépenses !! Il ne nous reste plus que la facture de téléphone/internet et les dépenses d’essence et de nourriture.

Est-ce que vous avez un objectif d’itinéraire ?

Nous avons arrêté de nous mettre des objectifs et une date de fin à notre voyage. Les 2-3 premiers mois, on a voyagé assez vite parce qu’on voulait en voir le plus possible. Puis on a passé 2 mois en Tasmanie ce qui nous a permis de vraiment ralentir. Depuis mars, on était sur les côtes Sud. On a profité d’un été indien magnifique, avec des plages époustouflantes, des dauphins tous les jours. On a nagé avec les phoques et les lions de mer. Nous avons vécu des expériences incroyables depuis 2 mois ici. On entre en hiver donc on quitte un peu la côte et on se dirige vers le Nord pour rejoindre le désert. On va bientôt entrer dans le Northern Territory, le centre rouge de l’Australie.

Pour la suite, on ne sait pas trop. Cela va nous prendre 6-8 semaines pour rejoindre le Nord. On prendra la direction de l’Est pour visiter le Queensland, toute la partie Nord de l’état qu’on ne connaît pas trop. Et ensuite, en septembre, on verra bien ! Si on veut continuer, on prendra la direction de l’Ouest !

Le rêve, ce serait de faire le tour du pays. C’est tellement grand que le pays est mal connu de ses habitants. On en apprend tous les jours et pour les enfants, c’est magique !

A quoi ressemble votre journée type ?

On a une routine du matin. Pendant que les enfants déjeunent, avec Guillaume, on fait une séance de sport. Ensuite, on déjeune pendant que les enfants se préparent. Et pendant qu’on range la caravane, les enfants font l’école. Ils choisissent la matière. Ils travaillent une demi-heure, trois-quarts d’heure. Quand ils ont fini, chaque jour aux alentours de 10h, on part en balade.

Parfois, on ne visite rien et on s’occupe de notre chez nous, on fait le ménage, les lessives, des petites réparations, on travaille…

Toutes les contraintes de la vie quotidienne prennent moins de place.

Comment les enfants ont-ils vécu ce changement de vie ?

Très bien ! Les enfants sont épatants pour cela !!

D’un point de vue matériel, on était entrés dans une démarche plus écologique et responsable depuis 2018 en consommant moins, en achetant d’occasion, etc. Donc tout cela est tout à fait naturel pour eux, de vivre avec très peu. On n’a pas beaucoup de place de toute façon. Ils ont très peu de jeux, on en a beaucoup donné et cela leur va très bien ! Ils jouent avec ce qu’ils trouvent dans la nature. C’est un peu cliché mais c’est tellement vrai ! Ils jouent avec des coquillages et des morceaux de bois !

Le voyage apporte énormément à chacun d’entre nous et nous change. Le plus gros changement, c’est de se rendre compte qu’en tant qu’adultes, on a perdu tout ça. On est rentrés dans un système où l’adulte perd son innocence et sa confiance en lui. Il faut travailler, il faut gagner de l’argent, il faut être propriétaire, il faut se marier, etc.

Nous voulons passer le message à nos enfants de garder leurs rêves, de mettre en place ce qui va les rendre profondément heureux, de ne pas avoir peur de sortir de leur zone de confort. On s’en fout de ce que les autres pensent, ce qui est important est de savoir ce qui nous rend heureux au plus profond de nous.

La vie nous enferme trop souvent dans un cercle dont on ne sort jamais. Et à partir du moment, où cela ne nous rend plus heureux, c’est à nous de prendre la décision d’en sortir.

On s’en fout de ce que les autres pensent, ce qui est important est de savoir ce qui nous rend heureux au plus profond de nous.

Elodie

C’est un cadeau inestimable que vous offrez à vos enfants. Est-ce que tu t’en rends compte ?

Je m’en rends compte, oui ! Parfois, j’essaye de me projeter dans 20 ans et j’espère que nos enfants ne passeront pas par les périodes difficiles qu’on a connues. J’espère que ce sera plus fluide pour eux et qu’ils se mettront moins d’obstacles pour réaliser leurs rêves.

Comment envisages-tu ta vie de demain ?

Aujourd’hui, je ne l’imagine pas. On n’imagine pas la fin de notre voyage, on n’imagine pas le retour à une vie sédentaire.

On est partis pour un voyage en famille, tous les quatre. Et on a sous-estimé le nombre de rencontres qu’on fait et le nombre de familles qui vivent cette vie de nomade. Toutes les discussions qu’on a avec cette communauté nous portent et nous confortent dans notre choix.

Pour le moment, on se concentre sur l’Australie parce que les frontières sont fermées et risquent de l’être pendant encore quelque temps mais on a plein d’envies !

Qu’est-ce que tu pourrais dire aux familles qui rêveraient de tout quitter mais qui n’osent pas ?

Foncez !! Personne ne va le faire pour vous, c’est un choix qui va vous demander de l’organisation, de prendre des décisions, de faire des concessions mais foncez !

Depuis 9 ans que nous sommes parents, ces 6 derniers mois sont nos plus beaux moments d’un point de vue familial. Rien que pour ça, ça vaut le coup !

Et d’un point de vue contraintes ?

Soyez prêts ! Gardez le sourire parce qu’il y en a plein, des contraintes !!

Par exemple, on a une vieille caravane de 1986, retapée par Guillaume qui n’avait jamais touché des outils avant !! Donc on a pas mal de réparations à faire le long du chemin !

Il faut se préparer à ce qu’il y ait des couacs, cela fait partie du voyage !

Quand le covid te fait changer de vie - Break the rules
Break the rules… / Crédit photo : Elodie

Un grand merci à Elodie de nous avoir partagé ce changement de vie et ce voyage. C’était passionnant !

Retrouvez Elodie sur instagram, @fraussie_vanlife, pour la suite de leurs aventures !

MAJ : Elodie est revenue dans le podcast notre parler de la suite de leurs aventures ! A écouter ici : Une vie libre sur les routes sans date de retour.

♥♥♥ Emilie & Flo ♥♥♥

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